MA DÉFECTUOSITE FACILITAIT TON TERRAIN. CONSTATATIONS D’UNE FEMME ÉMANCIPÉE. MERCI (DANS LA CUISINE)

Elke de Rijcke

sans avenir hors d’un écrit sur qui pousse.

du plancton me bat la bouche à la nuit,
m’invulse le cauchemar et arrache à moi.

ma montagne rutile de ses orageux.

l’âge de l’enfant répand dans l’âge de ma vie.

son petit crabe de mer crisse dans ma gorge
à l’heure où la réalité est devenue féroce.

son dessin de visages aux yeux souriants
ferme ma vie à clé, ou est-ce moi à clé qui ferme la vie ?

les mots qui sourdent dans ma tête sont abêtis mais les seuls à piloter.




intumescences et perforation de l’idée de progression,
administrée à la cuillère par le père et la mère,
puis perpétrée par l’enseignement et ses machinations.

ma gibecière est terminale de ses abcès.
je vais vers un état de veuve,
perforée dans quelle ville ?
mon corps du futur se recroqueville




je n’accepte pas ma faillite dans la cage où j’ai été performante
pendant 15 ans, sous-traitée à présent par des têtes de droite
qui se délectent à requalifier les lieux.

j’espère que l’instrumentalisation qui leur coule
des mains et de la bouche
leur sera criblée.

je sais que mon crâne tremble sous une cloche
et que mon ventre encaisse le battant.

la question de savoir comment continuer ma minutie construite
prolifère dans ma gorge.




les réquisitions de l’époque ne sont plus conformes
à ma peau que j’avais cousue
lorsque j’étais la menuisière de ma construction.

le temps s’est vêtu de méconnaissable.

le temps que je mets aujourd’hui
pour ne pas gaspiller ce dont je suis porteuse.

comment faire fructifier le fruit dans ma tête
sans couler sur d’autres plans dès que je me mets en œuvre ?

impossible tâche.
justice !
c’est à moi-même de me la donner à moi-même !
 
agir de raison mais à partir de l’instinct,

ce n’est qu’ainsi
que mon âme réintègrera sa mission,
légitimera ce qui est adéquat
à ce qui m’a fondé et me fondera.




mes efforts vains, si intensifs en minutes à mettre en place,
m’entraînent en apnée.

ma naissance s’éteint à mes tentatives de renaissance

vers où pointent mes doigts,
réveillés à chaque sursaut d’idée
qui se rétracte à la pâleur de mes récoltes.

nul ne peut voler en prenant son élan hors de soi.

mais à mon oreille l’époque me signifie de garder les portes ouvertes.

 
donne-moi mon cloître.