de Cale d’étoiles

Khal Torabully

Et ta bouche est une syllabe mûre
que seule l'empreinte des mots d'amour
me permet d'embrasser sous tes lèvres,
au cœur même d'un bris d'azur.
Et tu dis OM
à quoi bon suivre une sirène
sans la tendresse de tes mains ?
Et je dis Homme,
qu'à ton chant de chair ma peau égrène
des mots plus doux que tes seins.
OM OM OM
et penser à une femme sur mer
et se faire bercer par tant d'absences.



                         *



Un coeur altéré par le pays autre
sait que le ciel n'est pas immobile
que l'azur n'est sans mouvement            
que pour attendre les étoiles.

Imiter les anges exige geste imperceptible



                         *



J'ai trouvé le ciel
en retenant mon souffle :
un oiseau coupait le soir
avec ce grand bruit
d'une frêle vague cassée.



                         *



De coolie il en découle que
je suis Kakhi, couleur poussière
lachkar soldat des vagues,
je suis libellule claire
à tremper mon dos dans l'eau pure,
lascar de l'eau salée !



                         *



Et la mer a natté les tresses
d'une fée à la tombée de la nuit

Et je tamisai la mer
pour retenir tout le sel.



                         *



Et la lune
tête lasse
coula à marée basse
dans un crépitement humide
La mer dit cette phrase
qui fit sortir
notre être de son corps ?



                         *



Je ne reconnais aux cartographes
que ma destination inconnue
mais pas les étoiles pas la chair nue
car mes vertèbres n'ont pas vu la lumière.

Je ne reconnais aux sextants
que ma chair désocéanée du temps
mais pas les vagues pas le vent sec,
car ma bouche mange la mer par son ventre bleu.